Le Progrès de Lyon - Sports - Jura - BASKET Mardi 15 janvier 2008 NATIONALE 3 : Lons se dit écoeuré Battus d'un rien samedi par Kaysersberg dans une fin de match très houleuse, les Lédoniens ont encore la gueule de bois après une défaite qui met fin à leurs espoirs d'accession. Retour sur une polémique «Je n'en ai pas dormi de la nuit ». Alexis Drugeon est encore sous le choc de la défaite (78-81) et de son scénario, samedi soir au GES, face au leader alsacien. Un match qui s'annonçait comme un choc décisif et qui avait réuni bien des ingrédients pour aboutir à une fête qui aura finalement tourné au vinaigre. La faute à qui ? Les avis divergent complètement sur la majorité des dossiers qui font encore débat aujourd'hui. Afin d'être le plus clair possible sur cette « affaire », nous avons choisi de laisser la parole aux différents acteurs (entraîneurs respectifs et arbitres) de cette rencontre sur deux points litigieux. L'après-match et l'attitude de Fabien Drago Tout le monde s'accorde sur un point : l'après-match aura été houleux. Course-pousuite dans les vestiaires, cris violents et autres menaces, on était bien loin d'un esprit calme et serein de part et d'autre. Ce qui aurait mis le feu au poudre d'après les Lédoniens ? Des gestes obscènes de l'entraîneur alsacien, Fabien Drago. Alexis Drugeon (entraîneur de Lons) : « Après le match, il fait des doigts d'honneur au public, tout le monde l'a vu, je l'affirme et c'est un comble qu'il nie tout en bloc. En plus, il se permet de brancher le public en faisant des gestes avec son c..! C'est lamentable. Lorsque j'ai vu ça, j'admets que, en compagnie de Jacob, je lui ai couru après en étant révolté. Je lui ai d'ailleurs dit ce que je pensais de lui dans les vestiaires. Drago, je ne l'apprécie pas du tout ! Il faut savoir que ses propres joueurs l'ont calmé car il était prêt à en découdre et qu'il a été escorté par ses mêmes joueurs à la sortie des vestiaires ». Fabien Drago (entraîneur de Kaysersberg) : « Je n'en reviens pas d'être accusé de tels faits. Je vais vous dire, je reconnais avoir été très chiant en étant joueur, j'ai même pris un nombre de fautes techniques dont je ne suis pas fier, mais jamais je n'aurais fait ça. J'aurais su cela sur place, je me serais tout de suite expliqué. J'ai simplement fait des signes avec mes doigts à l'adresse de nos supporters pour signifier ma joie et j'ai entamé une danse certes maladroite. Je mets tout le monde au défi de me montrer, images à l'appui, les faits qui me sont reprochés. En ayant gagné le match, je ne vois pas pourquoi j'aurais fait ça, il faut être logique. Je suis touché dans mon honneur, vraiment ». Le panier à trois points de Jacob devait-il être accordé ? Autre point sensible, ce fameux shoot en coin de Jacob. Faute sur le Lédonien ? Contact de Freyburger sur le cercle ? Le flou est total. Alexis Drugeon : « Sur le shoot, il y a une grosse faute, c'est évident. J'en étais déjà certain en direct et en visionnant la vidéo, c'est encore pire. Que les arbitres n'accordent pas le shoot parce qu'un joueur alsacien touche le cercle, je peux encore comprendre, mais qu'on n'ait pas trois lancers-francs, là, c'est inadmissible! Pour la première fois depuis que j'entraîne, j'ai traversé le terrain à la fin du match pour dire ce que je pensais à l'arbitre ». Fabien Drago : « Sincèrement, de là où je suis, je ne peux pas voir. Maintenant, mon joueur m'a certifié qu'il n'avait pas touché le cercle, je le crois volontiers. Je tiens à rajouter que, contrairement à certains, je me suis montré courtois ». Philippe Schell (arbitre de la rencontre, Ligue Alsace) : « Sur cette action, je me trouve sous le panier, je ne vois pas si le joueur alsacien touche ou non le cercle. Je consulte mon collègue et il me dit : « je pense que non ». À la table de marque, personne ne nous dit que le cercle a été touché et après délibération, on prend la décision de siffler la fin du match. Honnêtement, si j'avais à siffler à nouveau sur ce match où j'ai pris un vrai plaisir, je ferais exactement la même chose, sans aucun état d'âme. J'attends quand même de visionner la vidéo ». Nicolas Gouvion (arbitre de la rencontre, Ligue Franche-Comté) : « Sur le tir à trois points de Jacob, c'est une énorme simulation, qui vaut d'ailleurs une faute technique. Après, le filet est touché de manière involontaire sur un rebond et pour accorder un panier, il faut que, au même moment, le ballon soit en contact avec le cercle. On a jugé que ce n'était pas le cas. C'était un super match de basket, j'ai pris mon pied et, pour moi, il n'y a vraiment pas lieu au débat ». Et pourtant, ce match fait encore parler. Beaucoup parler Maxime Chevrier mchevrier@leprogres.fr Plainte de Kaysersberg contre Germain Rassurez-vous, on parle pourtant de sport. Lourdement défait à Poligny (94-70), le mois dernier, le club alsacien de Kaysersberg, par la voix de son entraîneur Fabien Drago, n'a pas tout à fait fermé le registre de cette rencontre. «Je me souviens que Koenig (intérieur de Kaysersberg) n'avait cessé de se plaindre. Moi-même, je m'étais fâché contre lui en lui demandant d'arrêter de pleurer! En visionnant la vidéo, j'ai vraiment regretté... Germain (intérieur de Poligny) lui a en effet mis un coup de coude volontaire, sous les yeux de l'arbitre. On a évidemment porté plainte contre le joueur». Une plainte qui a plutôt tendance à faire sourire le président polinois, Pierre-Yves Colnot : «Le pire dans l'histoire, c'est que la scène se passe devant un arbitre et que ce dernier ne siffle rien, ça veut tout dire sur la crédibilité de leur plainte... Je la juge irrecevable. J'attends vraiment avec impatience que la fédé me contacte. Inutile de préciser que la réputation de Drago n'est plus à faire, c'est l'hôpital qui se fout de la charité! Mais bon, je suis prêt à défendre mon joueur avec vigueur». Le principal concerné, qui avouait d'ailleurs : «Je pense surtout qu'ils sont mauvais perdants. Sur l'action, je tente juste de faire ma place. Oui, je mets les coudes et je lui mets un coup, c'est vrai. Mais je fais 120kg! Je n'ai pas l'intention de faire mal. Des contacts, il y en a plein dans un match, j'ai moi-même une dent cassée. Ils me font rire avec leur plainte...». On concluera simplement en disant que, ce soir-là, la vérité du terrain avait parlé. Et c'est tout de même important de le rappeler. M.C. La messe est dite ? La victoire alsacienne, samedi au GES, a, il faut bien le reconnaître, ruiner le moral des amateurs de suspense et de sensations fortes. Avec trois victoires d'avance sur le trio CSL Dijon, Lons et Poligny, Kaysersberg est en effet sur la voie royale d'une accession en Nationale 2. Avec le panier-average définitivement perdu, l'ALL se retrouve en effet écartée de la course à la montée. Alexis Drugeon en convient parfaitement : « La saison n'est pas terminée, il reste beaucoup de matches à jouer, il faut viser la deuxième place. Pour la montée, c'est clair que c'est fichu ». Le coup est raide à encaisser pour des Lédoniens qui avaient tout fait pour se montrer exacts au rendez-vous. Poussés par un public nombreux et admirable, les partenaires de Jacob avaient même cru au bonheur en menant de onze points dans le troisième quart-temps. Un moment que n'a pas oublié le coach jurassien : « Au-delà de tout ce qui a pu être dit, c'est clair que nous sommes également responsables. Il y a eu trop d'erreurs dans des moments clés ». Pointés du doigt, les arbitres de la rencontre tenaient d'ailleurs le même discours : « C'est bien beau de se faire descendre comme ça, mais je dois dire qu'il y a deux fautes intentionnelles que je ne siffle pas pour ne pas tuer le suspense. On aurait été noté sur ce match, je peux vous dire qu'on aurait pris bon. J'ajoute enfin que Lons avait les arguments pour gagner. Quand je repense à la quatrième faute de Martin, c'est une faute professionnelle pour moi. Il faut savoir faire sa propre autocritique aussi » faisait remarquer Philippe Schell, l'arbitre alsacien. Des détails, voilà en général sur quoi peut basculer une saison. Les dernières secondes du match de samedi pourraient bien s'avérer rédhibitoires. Et de leur côté, les Polinois auraient également certainement souhaité un score différent. M.C.