Le Progrès de Lyon - Sports - Jura - BASKET Mardi 2 décembre 2008 Poligny : le coup de semonce A trois semaines d’un match capital à Vaulx-en-Velin, Poligny a bafouillé son basket. Premier avertissement Il pourra dire : «Je vous avais prévenus ». Lorsque l’on interrogeait Jean-Baptiste Richard sur les derniers succès de ses protégés, invariablement, le coach n’était pas comblé. Loin de là. Manque d’investissement, individualisme, défense laxiste, dispersion : il criait au loup pendant que certains n’y voyait qu’une nouvelle victoire dans l’escarcelle rouge et blanche. Mais la défaite de Poligny chez le promu Pierre-Bénitain samedi lui a donné raison. Dans la banlieue de Lyon, tout avait pourtant bien commencé. « Sur les dix premières minutes, il n’y a pas grand-chose à dire, explique le stratège. On met bien en place notre jeu et on est bien derrière ». Résultat : un premier quart bien ficelé avec 8 points d’avance à la clé. Après? « Plus rien, s’emballe le coach. On prend 30 points par quart-temps car on arrête de défendre. Pourtant, on peut le plier vite, leur mettre la tête sous l’eau. Mais on s’arrête, on se regarde...». Capitaine Sylvain Sacco, 32 points samedi, n’est pas loin de penser la même chose : « Il y avait un truc qui ne tournait pas rond. Nous menons largement puis on se relâche et la confiance est de leur côté. Ce qui est énervant, c’est que nous ne sommes pas au maximum de notre potentiel ». C’est une évidence. Et c’est ce qui gène le chef d’orchestre, frustré de disposer d’un tel potentiel de joueurs et de ne pas parvenir, 40 minutes durant, à leur faire jouer la même partition. Lui qui avait l’objectif d’arriver à Vaulx le 20 décembre avec un compteur défaite vierge, l’entraîneur supporte mal le relâchement de ses troupes, pourtant très expérimentées et rompues aux joutes de N3 : « 20 % du temps, on joue au basket. Avec ce qu’il reste, on fait tout ce qu’il ne faut pas faire. On parle, on sort du match, on se rejette la faute... » Comme à son habitude, Richard ne mâche pas ses mots. Il n’a pas le temps avant le 20 décembre. Il faut dire que le mal polinois, qu’il estime sous-jacent depuis plusieurs matchs, le déçoit vraiment. « Il faut arrêter de croire qu’on est les plus forts, reprend-il. Comme depuis le début de la saison, j’ai vu à Pierre-Bénite dix gros joueurs de notre côté. En face, il y avait une équipe...» Un véritable portrait à l’acide qui invite à la réaction : « Maintenant, il va falloir penser un peu moins à soi, et plus à l’équipe. Ils sont sur le terrain. A eux d’assumer. » Tout cela a le mérite d’être clair, tout comme les paroles de Sylvain Sacco, qui attend un peu plus d’humilité : « On pense qu’il suffit de se présenter sur le terrain pour gagner. Le basket, c’est pas ça. » Désormais, à trois semaines d’un match importantissime à Vaulx-en-Velin, « il faut rendre cette défaite profitable », selon l’entraîneur. Les séances de cette semaine seront sûrement plus intenses, plus lourdes de sens et d’enseignements qu’elles ne le furent jamais depuis le début de la saison. Aux yeux du coach, la claque reçue à Pierre-Bénite doit s’accompagner d’une prise de conscience. Car dès samedi, même si la joue est encore rougie, il faut remettre le wagon sur les rails. Beaujolais, pourtant décimé par les blessures, reste sur quatre victoires probantes de rang. Une déconvenue polinoise là-bas, sans être éliminatoire, serait tout de même une drôle de préparation avant un choc XXL. « C’est un match capital pour le groupe se ressoude, se remobilise », espère Jean-Baptiste Richard, plus mesuré. Mais cette fois, c’est le capitaine qui monte aux barricades. « Maintenant, tout est clair : c’est marche ou crève ». Jean-Philippe Cavaillez jpcavaillez@leprogres.fr